Comme chaque année depuis la création du cabinet, nous vous exposons nos convictions et perspectives économiques pour cette nouvelle année qui commence.
2018 se clôture avec un sentiment de « gueule de bois ». En janvier 2018, si le retour de la volatilité était attendu, les perspectives économiques restaient bonnes, ce qui augurait d’une bonne année. Après l’été, les marchés sont partis à la baisse. Toutes les classes d’actifs ont été touchées : monétaire, obligataire, ou actions n’ont pas résisté à ce blizzard qui a soufflé sur les derniers mois de l’année. Devises, zones géographiques, ou secteurs, presque toutes les composantes du marché ont vécu les mêmes turbulences. Certaines baisses sont comparables à 2008, l’ensemble des marchés s’est « re-corrélé » dans la baisse. Même l’once d’or, valeur refuge s’il en est, n’a pas trouvé grâce aux yeux des investisseurs. La diversification des actifs comme la répartition des risques, que nous recommandons, a été inopérante. Il a été quasi impossible aux gérants actifs de fonds patrimoniaux ou d’allocation de générer de la performance …
Une fois ce bilan posé, il est important d’essayer d’analyser ce contre-pied manifeste, tant le décalage entre les perspectives, attendues début janvier 2018, et ce qui s’est passé est important. La question fondamentale est simple : « Sommes-nous rentrés dans un marché baissier ou s’agit-il d’une forte correction, comme nous en avons connue plusieurs ces dernières années ? ».
Revenons rapidement sur 2018. Des incertitudes ont vu le jour tout au long de l’année : guerre commerciale, remontée annoncée des taux par la Banque Centrale Américaine, situations politiques complexes à travers l’Europe, sans compter le jeu imprévisible de Donald TRUMP qui d’un simple tweet chamboule la donne. Ces évènements, quoi qu’anxiogènes sont « normaux », mais le rappel de tous ces risques ne peut à lui seul justifier ces contre-performances. Il semble que la peur principale soit la thématique du ralentissement économique conjuguée à un environnement où le stock de dettes est au plus haut historique.
Il est inévitable que le cycle de croissance de plus de 9 ans aux États-Unis va arriver à son terme ; alors certains prédissent une forte récession à venir.
La fin d’un marché haussier a généralement trois raisons principales : des actifs devenus trop chers comme en 1999, une peur panique comme en 2009 ou la fin de la croissance économique. C’est ce dernier point qui est pour nous la clé des mois à venir. De la résolution de la guerre commerciale « Sino Américaine » dépend l’évolution du commerce mondial et des marchés financiers. La complexité de cette crise repose sur des objectifs contradictoires. Toutes les parties ont un intérêt immédiat à une sortie de crise par le haut, pour la poursuite des échanges. Mais les vrais enjeux s’inscrivent à plusieurs décennies. La Chine est lancée comme une locomotive folle, qui pourrait faire perdre aux États-Unis ce leadership économique qu’elle entend conserver, quand bien même la partie semble déjà perdue.
Depuis le début de l’année 2019, les marchés se sont ressaisis, laissant entrevoir que la correction des derniers mois a sans doute été excessive. La chute des marchés semblait indiquer une entrée en récession imminente. Les données économiques actuelles invalident ce scénario. Ce rebond devrait perdurer encore quelques semaines. Les résultats attendus et la poursuite des négociations entre la Chine et les États-Unis conditionneront ce mouvement.
A plus long terme, une fois cette guerre commerciale résolue, nous pourrions assister à un ralentissement en douceur de l’économie américaine dans les années à venir, une continuité de la reprise européenne, conditionnée par un apaisement des tensions géopolitiques, reprise qui s’appuierait sur la dynamique des pays émergents, sous réserve que les tensions commerciales soient apaisées.
Paradoxalement, dans ce contexte global assez anxiogène, ce sont les actions qui ont un potentiel plus important car les taux vont rester globalement bas. La clé de la performance sur les mois à venir reposera sur la capacité du gérant de s’exposer au risque ou de couper sa position. De même, la liquidité des actifs sera fondamentale.
En d’autres termes, pour vos investissements qui s’inscrivent à plus de 5 ans, il faut garder le cap et faire abstraction des turbulences actuelles qui semblent valoriser la fin d’un monde qui n’est pas certain. Souvenons-nous des chutes de 2011 ou 2013. Il nous parait important de :
- De conserver les investissements actions sur les pays européens (moins chers que les USA) et sur les pays émergents (dont les perspectives économiques restent fortes et la valorisation est basse),
- Sélectionner les fonds dont le mode de gestion permet de passer rapidement d’une position action à une position liquide,
- Limiter la part investie sur des actifs présentant un risque de liquidité en cas de retournement de tendance : certaines obligations privées, petites et moyenne valeurs, …
Pour ceux dont l’investissement a un horizon de placement inferieur à 5 ans, afin de ne pas subir cette volatilité, nous vous proposerons de :
- Réduire la part risquée au profit d’actifs sécurisés.
Le corolaire sera un rendement de vos actifs faibles.
A l’heure des bilans, comme trop souvent, les fonds qui n’ont pas performé en 2018 sont jetés aux oubliettes au profit des rares fonds qui ont performé en 2018. Les chevaux de la course d’avant, ne seront pas les gagnants de la course à venir. Les fonds dits flexibles ou d’allocations n’ont clairement pas remplis leur rôle en 2018. Cela s’explique par un contre-pied majeur entre les perspectives et ce qui s’est passé d’une part, mais surtout pas une chute de toutes les classes d’actifs exceptionnelle empêchant de trouver un point de replis. Nous pensons que cette situation est exceptionnelle et que la gestion flexible reste pertinente dans un contexte de marché où il faudra être mobile et réactif. En revanche, nous retravaillons la sélection de ces fonds pour s’assurer que leur capacité de réaction est adaptée à ce nouvel environnement.
En synthèse, si comme l’annonce certain acteurs, l’économie mondiale ne rentrera pas en récession, il faut alors garder la tête froide et conserver les positions actuelles qui corrigeront dans l’autre sens les excès de 2018. Gageons pour une fois que les performances de 2018 ne préjugeront pas de celles de 2019.